lundi 17 mai 2010




Des parallèles qui se coupent à l'horizon...


 
Cliquer sur le tableau pour ouvrir le répertoire des blogs en images et sur la photo pour ouvrir le sommaire complet.
Hélène Larrivé


A Michel et Nicole Jeury





-->
Etat de conscience modifié

Je suis le noir miroir
Où se mire la sorcière
Je suis la blessure et le fer
Je suis le matin et le soir
Je suis l'agneau et le loup
Je suis le bras et la croix
Le poignet déchiré et le clou,
L'athée et la foi,
Hélène et Robert,
Socrate et la ciguë
__________________________


Nous formons un tout, le cosmos du Timée peut-être ? et dans ce tout nous ne sommes qu'un atome ou même pas, un électron... et il arrive (rarissime) que nous parvenions à dépasser notre être vers : soit un autre (l'amour); soit les autres (la solidarité, l'amour aussi, mais différent) ; soit (ça va de pair) la nature (c'est le plus fréquent tout de même) ; soit vraiment le tout (exceptionnel, il faut sans doute des conditions particulières de stress ou je ne sais quoi).  Ça m'est arrivé et ça m'a changé. Depuis je regarde celle que j'étais avant avec une sorte de commisération un peu attristée, comme si ce n'était qu'un "moi" autrefois égaré dans un univers qui n'était pas le sien (ni même réel). Voir les "Chants philosophiques" où il en est un peu question mais de manière très édulcorée. L'esprit de la montagne.



LORSQUE DES PARALLELES SE COUPENT...



Voici quelques expériences spontanées qui me fondent à effectuer cette recherche afin de savoir si "cela" marche réellement , si d’autres les ont effectuées , et d’établir , non pas des "certitudes", mais au moins des probabilités statistiques faute d’être scientifiques:
J’ai tout le temps éprouvé des sentiments assez étranges sur ce qui allait arriver (mais souvent confus voire très confus parce que je ne l’ai pas cultivé, au contraire) ou bien des perceptions relativement précises sur ce que les gens autour de moi pensaient réellement . Au début, je le disais ou le laissais entendre. Cela m’a aidée aussi, indiscutablement. Je savais par exemple que mon père avait une part obscure et j’en ai eu confirmation ensuite très précisément. Il m’est arrivé de le dire tout naturellement car je croyais que tout le monde était ainsi. Je fus évidemment rabrouée, surtout par mon père et si violemment que j’ai immédiatement renoncé à l’avouer à quiconque puis même à l’éprouver. Il s’est méfié de moi. Je me suis obligée à ne plus "y" penser . Mais périodiquement, cela revenait. Je regrette de ne pas l'avoir cultivé car je crois à présent que j’aurais peut-être pu éviter certains événements -drames-.

La mort d'un proche... d'un opposé et d'un autre

Je n’en avais jamais ensuite parlé sauf à de très proches, c’est à dire à des gens qui ont vécu avec moi.. parce qu'ils en avaient été les témoins. Par exemple j’ai "senti" la mort de ma grand-mère au moment-même où celle-ci mourrait, mon mari était présent: j’ai cru mourir moi-même et je le lui ai dit. Il a appelé le SAMU. Mais cela n’est pas très probant car elle était âgée, encore que j’avais téléphoné la veille et qu'elle m’avait parlé, mais la communication était inaudible, et ma mère ensuite m’avait dit qu’elle allait bien.

Puis, j’ai rêvé de la mort d’un type, (par suicide), Lounis avec lequel j’étais en relation professionnelle, distantes et du reste assez pénibles. Je l’avais vu la veille : il m’avait mise mal à l’aise à un tel point que j’ai été tentée, malgré le contentieux entre nous (uniquement par téléphone, je ne le connaissais pas à ce moment)... de l'aborder et de lui parler amicalement. Je ne l’ai pas fait par timidité et aussi de peur qu’il n’en profite. (C’était le genre : ici il ne s’agit pas d’une intuition mais d’une certitude liée à l’expérience). A présent, je sais que j’ai senti qu’il allait se suicider et qu’il m’a transmis son angoisse ce jour-là. Je n’ai pas voulu le voir : ce type m’indifférait affectivement, il s’était même montré assez odieux, ce qui fait que ma perception de sa mort a été sur le champs occultée; mais dans la nuit, je l’ai tout de même rêvée. Je ne me suis trompée que sur la manière dont il s’y est pris. Ce suicide était imprévisible dit-on (mais je ne sais peut-être pas tout sur lui) : sa femme même, vue ensuite par un ami commun, ne s'est doutée de rien. Il était jeune, plutôt heureux en apparence, bien en ménage, son épouse était charmante, aisée... Un seul trait particulier cependant me frappe après coup chez lui : son extraordinaire ambition (financière) quasi mégalomaniaque, impitoyable et machiavélique quoique maladroite et cruelle.

Une autre fois (récente) , j’ai senti confusément la mort d’un type, Jouvin, qui avait été involontairement l’artisan de la mort de ma mère. (Cela n’a rien à voir avec l’expérience précédente, c'est moins précis). Je me suis cependant trompée: ce n’est pas le plus coupable qui est mort comme je l’avais rêvé, mais le moins ou plus exactement son chef. (Ils étaient en fait trois médecins responsables). Une mort totalement imprévisible: il s’agissait d’un médecin, bien suivi je pense (!) sur le plan médical, en apparence en bonne santé et il n’avait que cinquante sept ans : chose étonnante, il est mort de la même manière exactement que ma mère.

La maladie d'un salaud

Une autre fois, en plaisantant, j’ai dit à mon mari que l’un de ses supérieurs, Migan, (accusé d’une tentative de viol par sa secrétaire, on avait parlé longuement de l’accusation que je crois fondée) allait avoir quelques ennuis de santé. - Comment le sais–tu ?" J’ai plaisanté: - Tu sais bien que je suis un peu sorcière..." Je n’y croyais pas moi-même, c'était quelque chose qui était sorti tout seul, comme malgré moi (c'est presque toujours le cas). Lorsque j’ai des intuitions de ce type , j'essaie d'éviter d'y penser ou pour cacher mon malaise et j’en plaisante. Le lendemain, arrivé à son bureau, il a appris que Migan avait en effet été hospitalisé d’urgence... etc Ce type était une force de la nature, travaillant quinze heures par jour ou plus, exigeant envers lui et envers tous, immoral et misogyne, un colosse également sportif, polytechnicien, une bête de concours, pas un fragile, en somme. Il avait trente ans à l’époque.

Des intuitions à coté

Parfois, je me trompe c'est à dire que je vois à côté. Un jour que nous étions en courses, j’ai dit à mon mari de revenir parce que je sentais que nous allions être cambriolés. On l’a fait: c’était le voisin qui l’avait été. (Ont-ils essayé chez nous, puis renoncé et se sont-ils retournés sur le voisin dont la maison semblait plus riche que la nôtre?) Mais je n’ai aucune preuve.

Les "perceptions sans aperception" (Leibniz)

Des événements de ce type, j’en ai vécu beaucoup, il s’agit presque toujours de prémonitions funestes ou vaguement inquiétantes. Comme dit Leibniz, j’ai comme tous involontairement une foule de perceptions (infinies) sans m’en rendre compte et s’effectue en moi sans que je ne le sache un lien entre celles-ci et une conclusion à en tirer (cela est peut-être moins fréquent). Cela semble mystérieux simplement parce que je ne me souviens pas des perceptions elles-mêmes qui ont motivé ces intuitions. Peut-être dans la voix de ma grand-mère ou de ma mère y avait-il ce soir là quelque chose de changé que j’ai entendu sans m’en rendre compte? Peut-être y avait-il chez Jouvin quelque chose de différent ? Cela s’explique moins, je le connaissais à peine. Je l’avais vu fatigué, certes déprimé, un peu mais pas plus que quelqu’un de normalement surmené et qui de surcroît a commis une énorme boulette qui risquait de lui coûter son poste. Sur Lounis en revanche, j’en suis sûre : c’est son attitude qui m’a alertée. Je revois encore son regard fixe un peu terrifiant posé sur moi sans ciller pendant tout le temps que j’attendais au café. Le regard de quelqu’un de désespéré parce qu’il a raté son coup et qui ne peut supporter l’échec. Je ne le connaissais que par téléphone mais je l’ai su alors: c’était lui. Vérification effectuée, c'était bien lui. Aujourd’hui je demeure persuadée qu’il était venu au café afin de me voir (peut-être pour s’excuser de son attitude? Peut-être pour me demander quelque chose? pour que je renonce à quelque chose, me prier?) et qu’il n’a pas osé m’aborder. Un type rencontré récemment après mon annonce m’a dit que sans le vouloir je bloquais toute communication lorsque je le voulais, comme si je m’entourais d’un mur invisible, infranchissable. On revient au phénomène d’amok ou de ki , nom que lui donnent les japonais .

Salvatrices aussi

Autre fait moins probant... Nous étions en voiture avec mon père , celui-ci, assis à l’avant . Je traversais Lyon . Derrière , se trouvait mon fils et le chat. Tout d’un coup, dans un embouteillage, je me retournai et j’aperçus le panier du chat ouvert avec la tige de fer qui le fermait pointée juste sur la nuque de mon père. Je l’enlevais aussitôt et la mis à plat après avoir grondé mon fils de l’avoir laissée ainsi. Deux minutes plus tard, une voiture nous emboutit par l’arrière, choc assez violent. Sans mon intuition, la tige se serait fichée dans la nuque de mon père. S’agit-il comme Leibniz l’appelle d’une perception sans aperception ? Ai-je senti que la voiture qui nous suivait était conduite par un énergumène excité et de fort mauvaise foi ("si mon fils a quelque chose, je vous tue" m’a-t-il dit juste après l’accrochage dont il était responsable) ; il était trop près, le conducteur ne semblait pas fiable. Senti: mais comment? Ai-je vu sans m’en rendre compte le visage du type dans le rétro, entendu le crissement de ses freins, observé sa mauvaise tenue de route, en ai-je déduit qu’il était dans un drôle d’état, alcoolisé (?) ... Peut-être.

Autre chose: lorsque j’ai donné ma voiture à ma fille (un gros diesel costaud dont je me servais), j'ai fait renforcer les côtés. Tous ont ri: la voiture n’était guère adaptée à une frêle jeune fille. Ce n’est pas très probant car elle est très nerveuse... tous ont ri.. jusqu’au jour, fort peu de temps après, où elle a eu un accident justement par côté. Ni elle ni son passager n’ont été blessés: la voiture n’a pas plié. Son emboutisseur par contre a vu sa voiture enfoncée jusqu’au conducteur.

Inexplicable, la fuite sur la montagne

J’ai eu une enfance assez mouvementée. Est-ce une explication? On le dit parfois. C’est ainsi que j’ai été amenée au cours d’une scène, à fuir, la nuit, sur la colline dont je vous ai parlé, en chemise, sans sentir le froid, les cailloux et les ronces. Le fait est, inexplicable: arrivée en haut, mes pieds étaient intacts. C’est le phénomène décrit par les vaudous ou les aborigènes appelé amok sans doute -ou la danse sur des braises- : mais ce fut involontaire et je ne suis ni vaudou ni mystique. J’ai dû me mettre cérébralement en ondes thêta. Cela peut m’arriver à tout instant, sous le coup d’une émotion, parfois même relativement futile.

L'amok

Par exemple, récemment, Baya, mon chien a essayé de tuer un chat. J’ai bondi sur lui, chose qui me semble impensable de l’endroit où j’étais (je ne suis pas une grande sportive) l’ai saisi par le cou et SOULEVÉ à bout d’un seul bras comme s’il avait été un chaton en le secouant violemment (trente cinq kilos). La vivacité et la force de l’attaque par derrière l’a stupéfait, à juste titre : je ne suis pas une maîtresse violente. Le chat (un tout jeune animal qui dans sa fuite éperdue et maladroite avait raté son bond vers le mur salvateur) a été sauvé de justesse de ses crocs mais je me suis violemment cogné le pied sur une pierre, que je n’ai pas sentie sur le coup. (Après, si). C’est à présent que mon ongle, tout noir est en train de tomber que je mesure seulement la force du choc. Or, à l’état normal, je suis même incapable de le tenir en laisse lorsqu’il pique des démarrages foudroyants, c’est un Drathaar particulièrement vigoureux. Quant à le soulever! Même à deux bras, collé contre moi, je le fais certes, mais péniblement. J’ai eu l’impression, comme lors de la scène d’enfance, de voler et qu’il était un fétu de paille, aucun effort, je n’ai pas été courbaturée ensuite. Le fait est : je l’ai pris comme un chaton .

La fresque du puits de Célas

Et puis, après la mort de ma mère, j’ai eu des intuitions étonnantes sur elle-même : elle avait été fiancée avant de connaître mon père à un résistant qui mourut sous la torture et fut jeté dans le puits de Célas de sinistre mémoire dans la région (un puits de mine de 130 mètres de fond, désaffecté).. Et j’ai reconstitué en peignant la fresque qui se trouvait sur le puits qui représente des corps enlacés certains démembrés. Je croyais avoir fait œuvre d’imagination morbide : c’est un vieux partisan qui m’a dit "c’est bien: vous avez refait la fresque qui a été enlevée en 50, car les gens la jugeaient trop impressionnante.." Or, je suis née en 48. Là, il y a peut-être une explication rationnelle: ma mère est sans doute allée avec moi enfant au Puits, devenu un monument de mémoire et j’ai dû voir le tableau, mais j’avais moins de deux ans ; étonnant. Peut-être tout de même l’ai-je fixé dans mon souvenir... Et restitué presque cinquante ans après?

 La borne et l'homme de ma vie

Un autre fait est plus que troublant, le plus peut-être de tous. Depuis toujours, lorsque je passais devant un certain endroit, aux Mages, en car (pour aller au lycée) je disais à mon amie qui faisait le trajet avec moi que j’y ressentais une curieuse impression à la fois inquiétante et calmante, indéfinissable, c’était au point qu’elle m’avait dit en plaisantant que sur la pierre bordant la route, je rencontrerai un jour "l’homme de ma vie". C’était un jeu entre nous: lorsque nous arrivions à l’endroit en question, elle me disait "il n’y a encore personne aujourd’hui" et nous riions. Longtemps après, je regardais toujours la pierre sans pouvoir m’en empêcher. Or, après la mort de ma mère, j’ai fait des recherches sur Gustau (son fiancé) afin de déposer sur sa tombe un peu de ses cendres. Mais où était-il enterré? Mystère. Même si une place, une école et une salle municipale porte son nom, même s’il est resté dans toutes les mémoires, personne ne savait. Plus de famille. On m’avait dit "au carré militaire d’Alès" avec les autres martyrs non identifiés du Puits de Célas. Rien, du moins pas de certitude. Ensuite, le Maire des Mages m'indiqua "au cimetière, il y a une tombe de la famille". C’était la première chose que j’avais faite ... Sauf qu’il n’y en avait pas! Alors? Alors c’est simple : je m’étais tout simplement trompée de cimetière: l’ancien était situé à un jet de pierre de l’endroit "magique" dont je parlais ! J’ai cherché ... Et trouvé, en effet la tombe. Par rapport à la nouvelle route, c’est à dix mètres, derrière un mur, de la fameuse pierre, enlevée depuis. Étrange... Une explication possible : ma mère m’aurait amenée sur sa tombe lorsque j’avais moins de trois ans puisque le souvenir est tout à fait oublié ... (Le mur est récent, il n’existait pas à l’époque). Tout à fait? Non . Seule est restée la perception étrange de ce lieu comme particulier et qui me concernait. Ou alors ? Je ne sais pas. Il doit y avoir une explication. 


Un inconnu... connu 

Autre chose: sur une photo d’archives de Midi - libre, j’ai retrouvé un vieil homme qui m’intriguait, mort depuis longtemps, que je "savais" connaître... Mais qui était-ce ? Mystère. Et puis j’ai eu l’intuition: le père de Gustau, la pièce du bas de la maison des barrières ... C’était bien ça ! Comment cela se fait-il ? L’ai-je connu à cette époque? Sans doute. J’ai demandé aux gens qui l’ont achetée de me laisser visiter la pièce miraculeusement intouchée: "On n’a pas eu les moyens, vous comprenez, il y avait tant à faire, les miliciens avait rasé tout le haut en représailles, il n’y avait plus de toiture et la chambre indépendante de Gustau, c’était un vrai bazar, après leur perquisition, rendez-vous compte des frais (!).." Ils ont consenti . Je l’ai "reconnue", intacte, absolument : j’ai dû y venir enfant? Ou alors ...? Je ne sais pas . Quelque chose semble survivre en moi de ma mère et de lui. J’ai même eu une idée dingue, fausse. Si j’étais sa fille ? Mais non, cela est impossible: je suis née en 48. Mais ma mère, résistante, était spécialisée ... dans les faux papiers pour lesquels elle manifestait un véritable talent ! Alors ? Falsifier un extrait de naissance était pour elle un jeu d’enfant: elle fabriquait, au début de fausses cartes d’identité (de a à z) avec photo, tampon maquillé etc tout à fait plausibles, pour des juifs ou des proscrits qui passaient apparemment les barrages. Cela signifierait que j’aurais trois ans de plus. Cela ne me semble pas possible, car cela supposerait trop de complicités ... Quoique chez les Cévenols, l’omerta n’est pas un vain mot. Cela aurait expliqué l'indifférence de mon père envers moi, jamais démentie.
Je ne le crois pas cependant pour une raison simple: je suis le portrait de ma grand-mère Larrivé que je n’ai jamais connue et dont on ne parlait jamais. Je sais pourquoi à présent. Elle faisait de la voyance. C’était la sœur de la cantatrice Line Charney. Cela explique que l’on ne m’ait jamais parlé de ce côté-là de ma famille, une honte pour les rationalistes de Larrivé pour lesquels le mariage de mon père avec une petite instit de province en était une autre. Mais aucune des deux branches ne m'a jamais rejetée.

Des intuitions guidées.. 
mais qui guide le guide ?

Des intuitions sur Gustau, j’en ai eu ensuite infiniment. Mais, il faut le reconnaître, j’ai été guidée au départ par ma tante qui me l’a indiqué sur une photo. J’avais toujours regardé ce jeune type qui portait ma mère radieuse sans deviner qui il était. Là, mon intuition est prise en défaut. (Ensuite, j’ai fait mon enquête). Ai-je plus ou moins volontairement occulté l'idée que ma mère ait eu une vie amoureuse avant mon père?

Voilà entre autre les choses étranges qui me sont arrivées, certaines anciennes d’autres récentes qui ont motivé cette recherche. Je me trompe parfois: c’est quelqu’un d’autre à qui il arrive ce que j’ai intuitionné. Ou les choses ne se passent pas exactement comme je l’ai senti.

La plus impressionnante fut sans conteste l’expérience de "méditation" totalement involontaire (en fait, il y en a eu plusieurs) j’emploie le mot faute d’un autre, que j’ai eue juste après la mort de ma mère. J’ai "vu" Gustau mais pas ma mère. Cela me semble curieux: lors de ces expériences, c’est toujours lui que je vois et jamais ma mère bien que ce soit elle que je voudrais apercevoir. Elle me semble loin, totalement disparue: pas lui. J’ai eu un peu peur, je l’avoue, de ne pas revenir. J’ai pensé à mes enfants etc ... La notion que j’avais du temps a alors changé: je n’étais ni ne suis toujours plus la même. C’est difficile à formuler, je me sens autre, je sens des choses -comme autrefois- mais je l’accepte à présent au lieu de le cacher et je fais justement cette recherche pour voir, pour comprendre. J’ai rompu avec des gens que je sais (que je savais mais je ne voulais pas me l’avouer) funestes pour moi. J’ai écrit un livre aussi.

La Roque, un endroit magique

Dans mon livre ("Secret de famille", Frison-Roche éditeur) je relate comme une simple note que j’espère les gens ne liront pas, ou peu (en général on ne lit pas les notes) une histoire étrange. J’étais à cheval, à un endroit précis appelé "la Roque" et ma jument me désarçonna brusquement. La baraka: la falaise est escarpée mais je suis tombée du bon côté et Malinghô, effrayée, est passée au dessus de moi sans me toucher: j’ai néanmoins vu ses sabots s’agiter au dessus de ma tête... Je n’ai rien eu sauf peur et mal au postérieur. Or, mon arrière grand-père s’est tué, à cheval lui aussi, exactement au même endroit. (Pas très dangereux en fait, à présent qu’il y a une murette, à condition de ne pas passer au dessus). Cette mort est mystérieuse : on pense qu’il a été assassiné. Il venait de vendre un bien et avait sur lui beaucoup d’argent en liquide qu'on n'a pas retrouvé. Il était probablement un peu rond car il avait fêté la vente à Saint-Ambroix. Il s’en retournait à Saint-Sauveur. C’était l’hiver. Le cheval est arrivé sans lui, il est rentré à l’étable seul. Personne ne s’est inquiété: cela arrivait parfois et c'était l'été. Puis, tout de même, comme dans l'après midi il n’était toujours pas là, on a cherché: le corps de mon aïeul se trouvait trente mètres plus bas dans le lit de la Cèze. Mort. Ma mère, âgée de dix ans alors, était, chose extraordinaire, juste à côté, sur un terrain appartenant à ses parents où elle allait souvent jouer avec son frère. Elle a vu les gens, on lui a dit de ne pas s’approcher. Assommé? Et jeté ensuite pour faire illusion? Le cheval, lui, n’avait rien. Mais un cheval peut désarçonner son cavalier sans se blesser, c’est ce qui a failli m’arriver. Étonnant: après ma chute, tout m’est revenu, comme s’il me parlait. Je ne l’ai pas connu. C’était un personnage étrange, un "viveur", chose rare dans la famille, farfelu et peu soucieux des siens, une exception là aussi. Ma mère l’aimait cependant car il était plus amusant dit-elle que ses autres grand parents, sérieux, bosseurs, économes, ambitieux -à leur manière-. 

 Imprévu, l'intuition prise en défaut

C’est alors que j’ai écrit mon livre. (Juste après, il y eut la mort de ma mère que je n’avais pas prévu: plus exactement l’idée m’était si insupportable que j’avais occulté des perceptions qui me l’auraient indiquée). A priori , mon livre n’a rien à voir avec cette histoire de chute de cheval. Et pourtant c’est là que tout a commencé. C’est comme si mon aïeul m’avait dit quelque chose .... Comme "dicté" mon livre ou une partie car je n’ai livré qu’un pan infime de ce que j’ai intuitionné ce jour-là. Ce livre a donc été "écrit" en une fraction de seconde à la Roque, le temps que ma jument me désarçonne, m'envoie bouler, me passe par dessus et file brouter paisiblement un peu plus loin !

Puis, il y eut la mort de ma mère. C’est étrange, comme dans les films: au moment de son attaque, il y avait un violent orage et , chez moi, tout s’est illuminé: rien de magique, ce sont les BAES de sécurité qui ont fonctionné comme ils le doivent au moment de la coupure d’électricité afin que l’on puisse trouver la porte. C’était le seul moment où je l’ai laissée ! Là , mon intuition se trouve prise en défaut, complètement : je la croyais guérie! Totalement tirée d’affaire. Ces lumières m’ont impressionnée: on y voyait comme en plein jour. Je me suis réveillée, mal à l’aise. J’ai senti quelque chose sans pouvoir définir quoi. Encore une fois, mon intuition se trouve là prise en défaut. J’étais épuisée après avoir passé plusieurs nuits sans dormir à son chevet. Je regrette de ne pas avoir foncé à la clinique: je l’aurais peut-être sauvée car elle était sauvable. 

 Trivialités, aussi
 
D’autres événements inexplicables encore en série même. Parfois si grotesques et même triviaux que j’ai du mal à en parler de peur de faire rire. Par exemple, un jour que je me trouvais à Montparnasse et qu’il me manquait exactement dix francs pour payer l’addition du restaurant, j’entends comme un léger bruit: une pièce exactement de dix francs se trouvait là, roulant devant moi. Comment? Je ne l’ai jamais su, c’est absolument inexplicable: il n’y avait rien au dessus de moi et personne tout près. Certes il y avait un escalier devant, mais assez loin : cependant la pièce ne venait pas de là; il me semble que je l’aurais vu ricocher ...

Une autre fois, je rangeais des documents en grand nombre chez moi et je me demandai où j’allais les mettre: il me fallait un meuble de bureau en fer, à roulette avec des suspensions pour dossiers. Je sors acheter des cigarettes : derrière mon pâté de maison, il y en avait un exactement comme je l’avais imaginé... L'avais-je vu auparavant, oublié, cela m'a-t-il donné l'idée de ranger, puis de sa nécessité ? (Bergson.) Une illusion rétrospective?

Encore un autre événement étrange mais un peu moins. On cambriole le local des vélos de l’immeuble où nous habitions. La vieille mobylette de mon fils s’y trouvait. Sans freins. Je vais le même jour le chercher au collège, assez distant de la maison. Ce que je fais très rarement. Je l’attends devant le boulevard, sur le trottoir de la contre allée ombragée qui le borde et je vois soudain la mob, fort reconnaissable, avec un gamin juché dessus. Inconsciente de l’étrangeté de ma remarque, je lui crie aussitôt : "Attention, elle n’a pas de freins." Le gamin, interloqué, s’arrête net de démarrer. Je le rejoins aussitôt. - Comment le savez-vous?" - Parce que c’est la mienne. Tu l’as piquée cette nuit.." Le gosse, soufflé, m’expliqua finalement que c’était d’autres qui avaient effectué ce cambriolage, lui n’avait obtenu que la moins bien des mob parce qu’il n’avait fait que le guet... J’exigeai qu’il me la ramène, ce qu’il fit sans discuter. Pendant le trajet, je lui demandai: "Tu n’es pas à l’école?" Il se justifia plus ou moins. Je ne sais pas ce qui m’a pris alors, une intuition encore mais deux secondes avant je l’ignorais: - Ce n’est pas bien. Tu es au LEP Michel De Barre non?" Il était effrayé: c’était le cas. Cette histoire est toutefois moins probante que les autres: on pouvait facilement deviner que ceux qui avaient effectué le cambriolage venaient d’une certaine HLM plutôt "zone" et que les mobs volées n’étaient pas loin: l’essai des engins sur la contre allée du lycée était risqué mais possible. Et d’autre part, le gamin étant visiblement bien du crû, il était probable aussi qu’il vienne de ce LEP (mais il y en a trois dans le 14°) ... Cela a donc pu être une simple déduction heureuse. Mais qu’est-ce qui m’a conduite justement ce jour - là au lycée où je ne vais que rarement ? Pas la recherche de cette mob qui ne valait pas cent francs en tout cas ...

Claudia Larrivé ? Transmission de pensée ? 

Etc etc ... Je voudrais savoir: quelle est la part de hasard, et d’autre chose peut-être ? Qu’est-ce qui fait que je sens des choses (pas toujours cependant) à ce point ? Est-ce une caractéristique issue de mon passé? (Un peu bousculé). Une manière spéciale dont j’ai résisté à certains événements particuliers ? Mais comment l’ai-je acquise? Tout le monde est-il ainsi ? Est-ce que je ne mythifie pas? Des coïncidences ? Soit mais tout de même, cela en fait beaucoup. Un magnétiseur rencontré par hasard m’a dit que cela provenait de mon père et que cela me protégeait plus ou moins. De mon père donc de ma grand mère paternelle. Soit : elle était voyante. Mais par ailleurs, ce monsieur m’a aussi dit bien des bêtises. Donc ...

Une autre "voyante" rencontrée par hasard elle aussi m’a tout de même étonnée : elle s’est mise à me parler d'un de mes livres, qu’elle ignorait ou plutôt dont elle ignorait le contenu, en me posant des questions précises point par point exactement comme une journaliste qui m’interviewerait. - Mais vous l’avez donc lu? - Non , absolument pas .. - Que lisez-vous d’habitude ? - Guy des Cars (!)..." Cette fille totalement ignorante donnait l’impression de lire en moi en donnant finement la réplique à mes propres objections... Ce n’était ni une intello ni une femme cultivée. On aurait dit que je lui avais "transmis" ma pensée. Une femme sympathique dont certaines caractéristiques se rapprochaient de moi cependant (son enfance isolée) .

 Coïncidences

Voilà ..  En général, cela arrive en série. Une femme me contacte au sujet d’un article que j’avais écrit dans Libé, dont je perds le numéro de téléphone... J’étais désespérée. Au même moment, il sonne, c’est elle dis-je sans y penser à mon mari, responsable d’avoir jeté le bout de papier un mois avant. C’était elle en effet. A l’époque, j’avais plus de cinquante appels par jour et cela faisait un mois que j’avais perdu le papier.

Ou encore un ami (Jean-Pierre Meyer) qui m’appelle juste au moment où je suis en train d’écrire "Cher Jean-Pierre.." etc ... Jean-Pierre, trop occupé par sa vie professionnelle, même si nous nous voyions à l’époque environ une fois par mois, ne m’appelait jamais. C’était toujours moi qui allais à sa librairie le voir.

Ou encore mon père à qui je demandais d’écrire ses mémoires, (il fut journaliste) qui me dit que s’il s’y décidait, il appellerait son livre "le rendez-vous manqué".. Or, dans mon cartable, se trouvait mon manuscrit dont le titre est "le rendez-vous manqué". J’étais furieuse: - Tu l’as lu sans me le dire ? Je ne te le permets pas..." Il me jura que non et je le crois. – Si je l’avais fait, crois-tu que j’aurais eu l’idiotie de te donner le même titre ?" En effet ...

D’autres phénomènes moins probants mais tout de même assez étonnants : mon mari a eu une relation avec une collègue de bureau qu’il interrompit à ma demande. Celle-ci quitta alors son service : on n’en parla plus. Deux ans après, elle y revint. Je ne le savais pas. Or ce jour-là, me trouvant à Montpar, je passai aux Télécom, ce que je ne fais que très rarement et je demandai alors mon mari. La secrétaire me dit qu’il était en réunion. Je sus alors que c’était avec elle: elle venait de revenir dans le service le matin-même. Comment l’ai-je deviné? Mystère. Je le lui dis dès que je le vis, le soir, comme une certitude. Il en fut estomaqué et crut que sa secrétaire, que j’aime bien, avait cafté. Absolument pas. Comment l’avais-je "su"? Une transmission de pensée entre Catherine et moi? L’avais-je sentie tendue, différente, bien que rien ne soit apparu ? Il faut se mettre à sa place : elle devait savoir ou se douter (on ne peut cacher grand chose à sa secrétaire particulière), et voilà que je me pointe au mauvais moment .. Mais cela ne marche pas à tout coups. Par exemple, lors du début de sa relation avec F. , je ne me suis rendue compte de rien. J’avais toute confiance en lui. J’ai seulement senti, lorsqu’il me relata une réflexion d’une "collègue" qu’il s’agissait d’une femme à part, exceptionnelle, sympathique. Puis, lorsqu’il me rapporta d’autres histoires, sans rien savoir de ses relations avec elle, j’ai deviné : "C’est F. qui a dit cela ?" A chaque fois, c’était bien elle. Mais cela n’a rien d’extraordinaire : j’ai pu déduire que cette femme en effet exceptionnelle, avait forcément dit cela à ce moment-là. (Elle ne s’exprime pas avec la langue de bois habituelle des ingénieurs télécom.) Reste tout de même ce désir étrange d’aller au bureau de mon mari à ce moment précis, désir que je n’ai pas expliqué si ce n’est que j’avais envie de le voir : mais je ne me permets en général pas de le déranger dans son travail . 
 
"Instinct", un autre nom pour... ?

Ou encore d’autres phénomènes que je ne m’explique pas. Mon fils de deux ans a ingéré sans que je ne le susse des cachets de Bactrim forte (il avait vomi, le médecin avait diagnostiqué une indigestion jusqu'à ce qu’en rangeant la pièce du bas le lendemain, je ne découvre, rongées, des plaquettes de bactrim) ... Or j’avais acheté le soir même ... trois kilos de bananes, chose idiote car nous étions trois seulement... Et en fait, l’antidote du poison est justement je ne sais quoi contenu dans la banane, que le médecin toxicologue me demanda de lui faire ingérer, si possible en grande quantité, lorsque je lui annonçai que j’avais finalement découvert le pot aux roses. Inutile de me le recommander : depuis le matin, je m’y employais. 

 Un petit miracle
 
Ou encore une fait qui eût pu être tragique mais moins probant cependant. J’avais prêté ma voiture à un ami qui me la rendit avec la serrure du côté conducteur verrouillée sans que l’on ne pusse l’ouvrir : il avait brisé la clef dedans. C’était une vieille 4L qui n’avait pas de verrouillage des portières intérieur. Négligente, je ne la fis pas réparer et je pris l’habitude de passer par le côté passager pour glisser ensuite de l’autre côté. Pas pratique.. Voire ... Un soir, de retour de Paris, fatiguée, je m’arrêtai à Alès dans un lieu que je croyais à la fois discret et fréquenté pour dormir un peu. C’était devant le café des Palmiers, sur la route. J’étais assez bien garée et je somnolais. Il était tard. (Minuit, une heure ?) Je vis soudain s’approcher un type contre la vitre, étrange, effrayant. J’en ai eu l’intuition : il voulait me tuer ou me violer. Des yeux bleus délavés, les cheveux rares, une bouche assez grosse déformée par un rictus. Il secoua la porte très violemment pour l’ouvrir et ne put y parvenir, forcément. J’eus le temps de démarrer en trombe. Il n’avait pas pensé à l’autre portière qui, elle, s’ouvrait normalement. Dans la nuit, j’eus un rêve. Ce type se trouverait le lendemain au marché. Mon mari, perplexe, m’y accompagna. On chercha. En vain. On s’apprêtait à partir, le marché fermait, lorsque je le vis en effet. C’était un débile mental, visiblement, que sa mère âgée tenait par la main comme un enfant. Je n’ai pas osé aborder la mère. Dommage. Mais c’était bien lui.

Simplement, un radar ?

J’ai une particularité cependant : un sens de l’observation des gens aigu tout à fait anormal qui parfois me joue des tours : je fais des gaffes. Une sorte de mémoire photographique. C’est peut-être un début d’explication à certains de ces phénomènes "inexplicables". J’ai par exemple retrouvé mon psion égaré dans un taxi parce que trois jours après j’ai pu décrire avec une précision qui l’a stupéfait le chauffeur qui m’avait chargée. Parfois, je ne me rends pas compte que je gêne les gens. Je ne me souvenais pas la voiture et le collègue à qui j’avais demandé si je pouvais retrouver mon psion m’avait ri au nez : - Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, nous sommes quinze ou vingt Madame.." Une aiguille dans une botte de foin ? Voire ...
- C’était un monsieur d’un mètre quatre vingt environ ou davantage, costaud, roux ou blond roux (c'était le soir) les cheveux coupés très court, en brosse, dégarni aux tempes, avec une grosse moustache poivre et sel..." Je n’ai pas osé dire qu’il avait du ventre et un début de calvitie, un teint rouge, la pousse basse, quelques épis et que ses mains, soignées, étaient velues, aux ongles carrés avec des taches de rousseur mais je m’en souvenais fort bien ... - C’est Pichard" me dirent-ils en riant. Le fait est : appelé par téléphone par ses collègues, le gars, estomaqué, se pointa avec mon psion. – J’ai un grain de beauté, vous ne l’avez pas vu aussi ?" m’a-t-il dit . - Si , évidemment mais je n’ai pas osé le mentionner.." Il est reparti en croyant que j’étais sorcière ... ou qu’il m’avait tapé dans l’œil. Ce n’était certes pas le cas. Parfois, je dis simplement à des gens, croyant à une évidence reconnue de tous : tiens , tu as fait [...] ça te va très bien .." ou autre ... Je fais attention, mais cela sort malgré moi . - Cela te va bien d’avoir fait retendre tes yeux.. " ai-je dit , sans la moindre malice à l’une de mes belles sœurs ... qui certifiait ne rien avoir "fait" si ce n’est se passer une crème miracle ... Lorsque je me rends compte de l’impair, c’est trop tard. Peut-être est-ce ce sens de l’observation qui me fonde à voir, à saisir, à comprendre, à intuitionner? Mais tout ne peut être expliqué ainsi. Il y a aussi la transmission de pensée sans doute qui joue. Notre cerveau émet des ondes : pourquoi ne pourraient-elles pas être captées sans les mots par d’autres ?

Au bon endroit au bon moment

Comment par exemple ai-je téléphoné exactement au moment où Lounis, le gars dont je parlais, était chez lui, juste après qu’il eût signé une promesse de vente, avant cependant que celle-ci ne soit irrévocable, ce qui me permit de rattraper le coup ?

Comment suis-je venue chez moi, vers le puits juste au moment où mon voisin s’apprêtait à sacrifier les deux chevrettes qu’il y avait laissé et auxquelles je m’étais attachée ? A une seconde près, les animaux étaient égorgées. Je m’apprêtais à partir, j’étais en retard : je suis descendue cependant. Je n’avais rien vu, rien entendu. (Le salopard était passé par en bas pour que je ne le voie pas.) C’était l’horreur :
- Que faites-vous ?
- Vous le voyez bien . Ne restez pas là si ça vous dégoûte.. Je vous comprends ... On n’en a pas pour longtemps ...
- Vous êtes chez moi : je vous l’interdis .
- Ces chevrettes sont à moi. Vous n’avez rien à m’interdire .
- Et comment si : il est illégal d’abattre ainsi des animaux." Le gars qui était avec mon voisin, celui qui tenait le couteau, effrayé, a craqué tout de suite. Dans certaines circonstances (le "ki" peut-être encore ?) lorsque je suis furieuse par exemple (c’était le cas ) je peux parait-il me montrer très persuasive, peut-être effrayante de détermination alors que d’habitude je suis plutôt douce voire timide. J’ai deux personnalités opposées : cela surprend. Le gus ne voulait pas d’ennuis et il a senti que cela allait lui arriver. Il a essayé de se justifier laborieusement ...
- Mais je les lui ai achetées .. Bon , le prenez pas comme ça, je vais les amener chez moi puisque ça ne vous plaît pas. Je le ferai comme d’habitude." (!)
- Vous faites souvent cela ?
- Ben ... dès fois oui. Il le faut bien, ce n’est pas par plaisir ...
- Je vous le déconseille. On ne va pas y passer le réveillon, je vous les rachète. Vous me les amenez chez mes parents, je vous suis en voiture, et je vous paye arrivé à bon port". Il s’est exécuté sans même protester. A une seconde près .... Les deux chevrettes vivent toujours. L’autre m’a traitée de sorcière : je ne venais que rarement à la maison et ne devais pas y être ce jour-là, et surtout pas à cet endroit.

 Relativisation

L’histoire n’est pas très probante cependant : je n’avais aucune confiance en ce voisin qui avait squatté mon écurie, malgré ses promesses -lorsque je lui avais demandé de libérer les lieux parce que j’avais vendu la maison- "je leur trouverai un bon maître" avait-il assuré.. Tu parles ! Une intuition ? Non, pas du tout : bien des faits objectifs au contraire montraient le caractère particulier de ce type. Mais je suis tout de même arrivée juste à temps. En fait je me re souviens exactement : j’étais descendue pour voir, d’en bas, le cyprès que l’acheteur m’avait dit penché et dangereux. Il voulait le faire abattre ce qui ne me plaisait pas. D’en haut, on le voyait bien droit. Mais peut-être, vu d’en bas, le gîte se percevait ? Malgré ma hâte, j’ai voulu aller voir en vitesse pour mieux argumenter ensuite. C’est alors que j’ai entendu du bruit venant de l’écurie : les bêtes se débattaient et bêlaient. Le gars était en train de les attacher, sur la paille, l’autre salopard lui, aiguisait son couteau sur la pierre. La baraka ...

 Du cocasse à présent, un menteur malchanceux

Des événements de ce type qui parfois m’ont tirée d’embarras, il y en a beaucoup. J’ai toujours pensé au hasard. Qui sait ce que cache le concept ? Mais c’est indiscutable, on croirait parfois à quelque chose de surnaturel. Cela va du plus tragique jusqu’au plus trivial : ainsi le type qui avait attrapé mon chien (en laisse, il m’avait échappé cinq minutes) et prétendait que celui-ci lui avait dévoré un de ses moutons (plausible mais faux), exigeant que je le lui rembourse : lorsque, devant les gendarmes qu’il avait alertés exprès pour mettre en scène son histoire, je lui demandai quand il aurait commis son forfait, qui me répondit "tel jour en fin d’après midi, je l’ai bien vu, j’en suis certain, c’est lui, vous me devez le prix du mouton ou je fais saisir votre animal"... Or ce jour-là exactement, à l’heure dite, j’avais eu un accident, léger mais constaté par la police : mon chien était avec moi, puis, affolé, s’était enfui : ils durent le rattraper sur la route, puis il fut confié à un brave flic qui le garda en laisse pendant tout le temps que le SAMU me soigna. Et il hurla à la mort sans arrêt de peur que l’on ne me fasse quelques misères dans le car, ayant vu les blouses blanches dont il a horreur. Ils n’en pouvaient plus au point qu’il fallut l’y faire entrer pour qu’il se taise. Ceci au moment même où il était censé, à trente kilomètres de là, dévorer un mouton ("j’en suis sûr, c’est bien lui..") : raté. C’était, en somme, la seule fois, le seul moment de toute sa vie où mon chien fut en quelque sorte "sous la garde" de plusieurs gendarmes!... Sans ce hasard, c’était ma parole contre la sienne, et ce monsieur, extrêmement âpre au gain était plus convaincant que moi. 

 Les choses qui arrivent toutes seules
 
A l’instant même : je suis en train de modifier mon jardin pour agrandir un cabanon et en faire une petite écurie car j’ai l’intention de demander une dispo à l’éducation nationale l’an prochain et de fonder (peut-être) un salon de thé dans mon jardin, plutôt bien situé, ainsi que des chambres d’hôtes déjà existantes. A cette intention, on a déraciné des bambous, et on les a replantés ailleurs. Les animaux me semblent s’adapter à ce cadre et à cette activité. Mes chevrettes se trouvant très bien en semi liberté chez Paula (Loïs) avec vingt autres, je ne vais pas les reprendre : devenues sauvages, elles supporteraient mal d’être en ville dans un petit espace. J’en cherchais donc deux autres, toutes jeunes pour pouvoir les apprivoiser totalement et, si possible, je ne voulais pas les acheter en magasin comme animaux de compagnie mais les sauver de l’abattage (de plus c’est moins cher). Une lectrice et amie rencontrée à la librairie Roustan à Alès se pointe chez moi par hasard pendant que j’écrivais ceci, pour un café, on discute, elle me dit qu’elle est en train de divorcer ... et qu’elle a trois chevrettes que son mari va vendre pour Pâques pour la boucherie car il part et cesse son activité de paysan !... Le seul élément qui ne me convient pas mais il est minime est qu’il y en a trois et non deux et que deux sont des mâles, cornus et de taille normale. C’est souvent ainsi. Je ne sais pas l’expliquer.

Je suis à la recherche d’un escaladeur pour réparer un chenaux bouché qu’aucun maçon n’accepte de déboucher car il est très mal situé, j’ai à cette intention acheté du matériel spécial ... un gars m’appelle pour louer un local: "c’est pour faire un entrepôt pour une association d’escalade dont je suis le Président .." Il habite tout près de chez moi ...

Et Guy Georges à présent !

Ma fille cherche un appartement. Robin consent à son choix pour un deux pièces situé près de Bastille, avantageux quant au prix et agréable. Je proteste fortement lorsque nous allons signer la promesse de vente : je viens de me rendre compte que celui que l’on sait à présent être Guy Georges a déjà tué dans l’Est parisien plus de six jeunes femmes. Or cet appartement est situé en plein dans sa zone d’action. L’agent immobilier se moque de moi, Robin aussi , et ma fille, qui tient beaucoup à cet appart me dit pour me convaincre que le sadique ne tue en principe que des blondes ... Le cœur gros, je signe, mécontente, avec la ferme intention de traîner des pieds ensuite. La promesse de vente vaut pour deux mois. Passé cette date si nous ne signons pas la vente définitive, nous perdrons l’argent déposé en caution. Je tarde donc le plus possible. Mon mari râle. Ma fille aussi. Je suis prête à perdre cinquante mille francs tant j’ai peur : le tueur est là, dans ce quartier, il rôde, j’en suis sûre, j’en ai l’intuition absolue, il va recommencer. Je ne me trompe pas. Mais je commets une erreur d’intuition cocasse : je pense tant et tant à ce type que je crois le démasquer ! Un gars louche dans le quartier, que j’aperçois, suivant une jeune fille... On est en voiture, coincés dans un embouteillage. Énervé, mon mari refuse de s’arrêter. "Si on s’arrête à chaque fois que tu vois un type louche..." Nous filons pourtant à ma demande au commissariat de Vanves pour que je revoie le portrait robot affiché partout (agacé mais inquiet aussi sans l’avouer car j’ai eu tant d’intuitions qui se sont avérées qu’il ne peut totalement en laisser passer une de cette dimension, mon mari a consenti a sacrifier la ballade restau que nous projetions et il m’attend dans la voiture).... le flic qui me reçoit m’annonce alors tout content que cela ne peut pas être le tueur car il vient d’être arrêté : je crois que dois être l’une des premières à l’avoir su. L’intuition est idiote, soit, mais étrangement, elle a eu lieu au moment même où Guy Georges est réellement arrêté. Transmission de pensée ? Peut-être. Dans ces cas, c’est moi qui crois à tort vivre ce qu’un autre vit réellement (exemple de la mort de ma grand mère). Là, j’ai "cru" démasquer le tueur : en fait, c’était un flic que je ne connais pas qui le faisait à cet instant même. Je me trompe en ces cas en effet ou plus exactement je tourne autour de la vérité sans la voir réellement ou en la modifiant légèrement. Je me trompe de personne par exemple. On est un jour avant l’échéance de la promesse de vente, le 28 Mars. Le lendemain, on signe donc, soulagés, comme prévu, la vente définitive. Le proprio est mécontent: depuis que les médias ont relayé l’information, les prix viennent de grimper de dix pour cent. Robin est ahuri de mon coup de poker, (attendre jusqu'à la veille) bien involontaire.. mais pas fâché.

Gustave Nouvel

Et le top, bien sûr, c'est le découverte des inscriptions de Gustau (mort sous la torture en 44 au Fort Vauban et précipité dans le puits de Célas) au Fort Vauban donc. Après avoir lu ses lettres adressées à ma mère et avoir étudié cette période, je savais que l'on disait qu'il (et d'autres peut-être) avait envoyé un message écrit avec son sang et que celui-ci avait été reçu. Après la publication du livre, je sus que c'était exact: le vieux monsieur (un cousin sien nullement impliqué dans la résistance) à qui il était adressé vint et me le confirma. Il disait simplement "Je suis au Fort Vauban". Un autre bruit disait qu'il avait écrit sur les murs de son cachot. Du coup, je retournais au Fort et cherchais encore. Plusieurs jours, des journées entières, sans faiblir. Toujours en vain. Il faut dire que le Fort est immense, désaffecté, sans électricité, envahi de pigeons, en totale déshérence. Un jour, une amie me demanda de venir avec moi. Elle se dit médium et trouvait que je commençais à devenir bizarre à force de passer mes journées au Fort. Je n'éprouvais pas d'angoisse pourtant malgré les lieux, au contraire, je m'y sentais (!) bien. Je n'avais même pas envie d'en sortir. Je sentais contre tout espoir qu'il fallait que je cherche encore et encore, que j'allais "y" arriver... Vaine recherche qui devait me faire passer sans doute pour un peu allumée. Ce fut un jour extraordinaire. J'étais accroupie devant une porte, assez bas, lampe torche super puissante braquée devant moi (car je pensais qu'il avait écrit pendant son agonie), toujours armée de ma caméra lorsque soudain, Myrtille, derrière moi, me demanda de lever la tête. Dans la lumière rasante, aussi clairement qu'un titre d'affiche, je vis en haut marqué "Gustave Nouvel". Inoubliable. J'avais (enfin, Myrtille) avait trouvé ! Une chance sur combien, 60 ans après, avec les 150 cellules, l'incertitude sur l'endroit, l'état des lieux? C'était comme si venu de loin un clin d’œil m'avait été fait, enfin reçu. Car j'ai toujours pensé (avec une certaine outrecuidance) que Myrtille n'avait été là que comme un artefact, c'était moi qui l'avais pressentie fût-ce involontairement, pour m'accompagner (en fait ça m'ennuyait même qu'elle vienne mais devant sa gentillesse je n'avais pas voulu décliner). Il est vrai : je ne fus plus la même ensuite. C'était peu après mon expérience de… méditation, je ne sais quel mot employer.


Et... un clin d’œil stupéfiant 
de mon père...

Mon cher Michel, le plus impressionnant est pour la fin. Mon père, Jean Larrivé, est mort depuis deux mois. Sa mort me peine, d'autant plus que nous n'avions pas de bonnes relations, à vrai dire, pas de relations du tout (de son fait) et qu'à présent c'est fini. Cela ne changera plus jamais. 
Nous décidons donc vous et moi d'écrire un livre sur les coïncidence étonnantes et pour cela vous m'avez prêté "Le matin des magiciens" que je relis avec plaisir. Ce soir là, j'ai déjà écrit quelques lignes, celles-ci. J'ai aussi à lire un manuscrit d'un ami, un certain Gérard, pas très connu mais de grand talent,  pour le publier éventuellement. Je travaille dans la galerie puis je décide d'aller au troquet d'un copain continuer ma lecture-écriture. Il est onze heures (du soir).  Je m'installe devant un café et je lis. Arrive un gars que je connais un peu (très peu) et qui m'aborde de loin... en me parlant... de Gérard! qui vient de le contacter. Je suis ahurie. C'est son manus que j'ai devant moi  (dont il n'a pas pu lire le nom de l'auteur.) Stupéfaite, je continue néanmoins à travailler... puis je rentre à la galerie. Là, devant la porte, m'attend un groupe de jeunes. Je connais l'un d'eux, il est venu dans la galerie dans la journée et nous avons bavardé.  Ils me demandent s'ils peuvent "entrer pour un café philo" impromptu. Je décline car je suis fatiguée, je me suis récemment cassé la clavicule et ça me tire un peu, il faut que je m'allonge. Ils sont déçus. "Demain, pas de problème, avec plaisir". Mais demain ils seront partis. Qu'est-ce qui me prend de leur demander où ? Une jeune fille me dit "à Paris". Qu'est-ce qui me prend de lui demander "où exactement?". Elle me répond "en fait à Clamart." Là, je hausse un sourcil. "Où, à Clamart?"  "En fait, c'est à Malakof, mais juste à la pointe, c'est à dire... enfin c'est un peu compliqué à expliquer..." Là, je me sens bizarre et j'éclate de rire. "Mais si, je comprends et même très bien, c'est vers la gare... Quelle impasse ?"  Et voilà : elle habite en face de chez moi : il est probable que de mes fenêtres je vois chez elle.  Je commence à vaciller. Mais ce n'est rien encore.

Il y a d'abord eu le gars qui me parle de Gérard, les premières lignes d'un texte sur les coïncidences que je suis en train d'écrire, le matin des magiciens, cette jeune femme qui habite en face de chez moi, à 800 kilomètres de la galerie devant laquelle nous nous trouvons... Du coup, je leur donne l'adresse de mon site, afin de rester en contact. "C'est Larrive.info" vous le retiendrez ou vous voulez une carte?" 

Et là, c'est l'estocade. L'autre jeune fille me répond : "je le retiendrai sans problème car j'habite la rue Jean Larrivé." Un frisson me parcourt. C'est le nom de mon père, mort depuis deux mois, (et aussi celui d'un ancêtre homonyme prix de Rome de sculpture).  Cela, ce n'est pas seulement une coïncidence, c'est sûr. Mais c'est quoi ? Qu'est-ce qu'une coïncidence au fait?


Et l'écriture...

Tout le monde connait l'histoire de cet écrivain américain qui 13 ans avant a écrit le drame du Titanic avec une précision troublante, le navire de son roman s'appelait le Titan, sa jauge était presque la même que celle du Titanic, le nombre de passager idem, dans l'histoire il a lui aussi heurté un iceberg, il s'agissait également de son voyage d'inauguration, quant aux canots de sauvetage, ils étaient insuffisants du même quantum et le nombre de morts figurés à peu près le même que dans la réalité 13 ans après. Cela ne peut être dénié, l'écriture faisant preuve. Et bien cela m'est arrivé quoique d'une manière moins tragique, deux fois. 

La première: je décide d'écrire un roman sur un village... disons dont certains élus sont un peu ripoux. Je ne veux blesser personne inutilement et j'invente donc des personnages dont un central particulièrement odieux que je charge un peu avec quelques détails précis... Le livre fini, je le donne presque par hasard à lire à un vieux monsieur que je connais peu mais en qui j'ai confiance (il montrera que j'avais raison puisqu'il ne parla jamais de l'histoire à personne) et surtout qui sait tout du village. Il me le rend peu après, perplexe, vaguement réprobatif. "Pour quelqu'un qui ne veut pas que les gens soient reconnus, vous vous posez là!" Explication:  j'ai sans le savoir décrit un gars qui existe vraiment et dont les traits et le passé que j'avais imaginés sont en fait bien réels. Même profession, même histoires tragiques dont il est responsable etc.. J'ai laissé tomber le livre, effrayée moi même.  

Autre affaire, plus grave : un écrivain vocatif me donne un manuscrit, une nouvelle vaguement policière, parfaite ou presque, plausible, inspirée d'un fait historique réel (internationalement connu) qu'il analyse -et modifie- d'une manière passionnante. Sauf que je trouve le texte un peu court, un peu sec. Je m'amuse donc à le reprendre en y ajoutant un personnage plus contemporain, une belle jeune femme (la fille d'un de ses héros), glamour, célèbre (elle ressemble, en fait elle est, quelqu'un d'existant que je connais vaguement -elle est écrivain-.) Et je commence l'histoire ainsi : la voilà morte, sans doute assassinée.. et le roman devient la recherche de son meurtrier et des causes de son assassinat... (déjà imaginées par l'écrivain initial dans sa nouvelle, trop cool à mon sens). A lui de peaufiner. Je lui donne le texte revu... et le soir même, un peu ennuyée que l'héroïne morte soit si reconnaissable, je surfe sur son nom. Elle est réellement décédée peu avant. Comme je l'avais supposé dès le début du texte.


free counters

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Editrice et auteur (HBL, "Paroles de femmes" et "L'actualité en blog" ou "Feu rouge clignotant") Site: http://larrive.blogspot.fr